Il est donc partout dans le réel que nous percevons et dans
celui qui ne tombe pas sous nos sens. Et, comme il ne saurait être limité, on
ne peut le fragmenter quand on fragmente le créé. Il est donc entier dans
chaque partie. Un atome contient, autant qu'une galaxie, l'infini et ses lois.
Dieu est entier dans chaque portion de sa création. Il est
entier dans chaque créature.
Attention ! Il est dans toi, tout entier !
Il est dans moi !
Nous voilà bien avancés...
Tu le sens, toi ?
Zéro...
Si Dieu est partout, la porte qui s'ouvre sur lui est
partout. La rose, le petit chat, les étoiles du matin.
Mais la porte la plus proche de l'homme, c'est l'homme.
« Connais-toi
toi-même. »
Ces mots inscrits au fronton du temple de Delphes ne
constituaient pas un vague conseil de vaseuse philosophie, mais désignaient
avec précision une voie, celle dont l'itinéraire était enseigné en ce lieu. Le
prêtre prenait le fidèle par la main et l'aidait à avancer, jour après jour,
vers l’intérieur du temple. Le temple où pénétrait le fidèle c'était lui-même.
Le culte, les « mystères » étaient un enseignement, au sens le plus
strictement rationaliste que l'on puisse donner aujourd'hui à ce mot. La
science qui était enseignée là – la lumière du temple – permettait à l'homme de
voir en lui-même. Il semble que toutes les lumières se soient éteintes.
« Si la lumière qui est en toi est ténèbres, quelles
ténèbres ce sera ! » (Matthieu, 6-22.)
Il n'y a plus aujourd'hui que les temples éteints où les fonctionnaires des Églises, au lieu
d'expliquer à l'homme en quoi et comment il est une image de Dieu, lui
ordonnent de vénérer un Dieu rétréci à l'image de l'homme. Des rites
démonstratifs il ne reste que des gestes automatiques et des paroles
inefficaces. Et le « mystère » qui aidait à comprendre est devenu une
interdiction de comprendre.
L'homme qui cherche la lumière se détourne tristement de ces
temples obscurs. Il sait pourtant que la lumière existe. Et c'est ce qui
l'empêche de mourir de désespoir dans les ténèbres.
La Faim du tigre, René Barjavel, Édition Folio, p.
167-168-169.
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