lundi 27 octobre 2008

Aquarius

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Communiquer

Qu'est-ce que travailler dans la "communication"?

C'est un vaste domaine, la diversité des matières qui compose le cursus d'études universitaires en communication en attestent : théories de l'information et de la communication, sémiologie, psychosociologie, marketing, informatique, sciences cognitives, ergonomie, économie, droit, culture générale...
Je conçois le métier de "communiquant" comme la faculté de retranscrire une idée et l'adapter sur différents supports (parole, papier, électronique, audio,...), être le "médium", c'est-à-dire l'intermédiaire entre l'idée et le Signe.

Bien sûr la communication recouvre de nombreux métiers, cela peut passer par le journaliste de presse, le présentateur TV, le chargé de communication d'une Direction de la communication, le publicitaire ou le concepteur rédacteur...
Chaque métier développe ses qualités spécifiques, mais leur point commun est la diffusion d'un message.

Si l'on suit cette idée Jésus Christ travaillait dans la communication en plus de la charpenterie!

Voilà donc l'aspect essentiel de ce métier, et Dieu sait que ce n'est pas donné à tout le monde de savoir communiquer! C'est bien une chose qui s'apprend! D’ailleurs si ça ne tenait qu'à moi j'enseignerai certaines matières de mon cursus universitaire au collège, je pense plus particulièrement à la sémiologie où à la psychosociologie (disciplines passionnantes qui ouvrent l'esprit, surtout quand on a la chance d'avoir des professeurs qui savent communiquer justement!).

Le manque de communication est source de graves problèmes dans notre monde, que ce soit dans la sphère familiale au niveau du couple par exemple, ou à l'échelle d'un pays, la guerre étant l'exemple le plus malheureux et le plus intemporel aussi.


Comment fait-on pour communiquer?

Tout d'abord je pense que communiquer c'est d'abord savoir écouter, anticiper les attentes, les besoins de son interlocuteur, s'imprégner de son être, compatir d'une certaine façon. Quand je dis ça, je ne veux pas dire faire semblant, de manière hypocrite ou avec ironie et cynisme, je pense à une interaction sincère où l'on oublie son Ego sans le dissoudre pour autant mais en l'élargissant par la prise en compte de la vision différente d'Autrui.
Cette première étape est essentielle car l'écoute conditionne ensuite la transmission du message, en effet c'est en adaptant ce dernier au vécu de l'individu que l'on parvient à capter son attention, le faire réagir: on a tous besoin de s'identifier, c'est le principe même de la conception d'un livre ou de la réalisation d'un film.
Nous avons tous garder cette part d'enfance qui nous poussait à nous identifier à des personnages de fiction, des super héros, nous réagissons lorsqu'on nous raconte une histoire qui fait écho à notre vie; Jean De La Fontaine l'avait comprit c'est pourquoi ses Fables ont encore autant de succès au XXIème siècle.
Ainsi la clé de la communication c'est transmettre un message par le biais d'archétypes, de symboles, d'un code compréhensible par tout le monde et qui puisse résonner avec la vie de tout un chacun.


Ce code doit-il être complexe?

Non, au contraire, c'est en allant chercher dans les valeurs essentielles partagées par l'humanité que l'on extrait les meilleurs campagnes de communication. Quoi de plus rébarbatif qu'un professeur de maths en train d'expliquer son équation au tableau...ce n'est pas le Logos (situé dans l'hémisphère gauche du cerveau) qui fédère et unit les hommes, mais le Mythe (généré par l'hémisphère droit) c'est-à-dire tout ce qui est du domaine des émotions, du ressentit, de l'art, de la métaphore.

Bien communiquer c'est établir un équilibre (subtil) entre l'émotion et la réflexion.

Communiquer c'est être à l'écoute de ses sensations et être réceptif aux émotions d'autrui, être créatif, faire simple tout en transmettant un message lourd de sens...et ça c'est difficile!

Je pense qu'utiliser un langage élitiste, faire preuve de pédantisme où d'arrogance est le meilleur moyen pour "saborder" sa communication, le processus d'identification est directement parasité.
A l'inverse, il faut se méfier de l'excès de sensationnalisme, le pathos et les images sans analyse, aujourd'hui nous vivons davantage dans cet extrême, les médias et les nouvelles technologies de l'information poussant le public à consommer en abondance et de plus en plus rapidement des informations, ce qui débouche sur des gens ayant de plus en plus de connaissances mais sans connaissance approfondie, du "savoir en surface".

Pour élargir le débat à des notions plus métaphysiques, il est fort probable que le monde évolue grâce à des gens simples, ou en tout cas des personnes"adaptables".
C'est à eux que revient la mission de diffuser un message d'amour et de paix; cela se fait au quotidien, sans être payé: cela s'appelle l'Humanité, c'est-à-dire savoir donner et aimer sans arrière pensée.
Cette forme de communication n'est pas ici réservée aux métiers de la communication, elle concerne tout le monde et est la clé de notre bonheur...mais en même temps ce n'est pas un message qui date d'aujourd'hui, de nombreuses personnes simples, qualifiées de folles à leur époque, n'ont eu de cesse de nous le répéter.

Mais je ne désespère pas, le jour viendra où nous prendront conscience de notre divinité intérieure, car c'est bel et bien NOUS le Messie, une personne simple qui parle d'une chose essentielle : L'Amour.

Afin d'illustrer mon billet consacré à la communication, je cite Didier Erasme qui montre que la simplicité est le meilleur canal pour approcher de la vérité...

Les princes n’aiment pas qu’on leur dise la vérité.
C’est ainsi qu’ils évitent la compagnie des sages.
Ils craignent d’en rencontrer qui oseraient leur dire
Plutôt des choses vraies que des choses agréables.
[…]
Lorsqu’elle ne blesse pas
La vérité a quelque chose de simple
Qui fait plaisir
Et c’est aux seuls fous
Que les dieux ont accordé le don
De la dire sans offense.

Didier Erasme

jeudi 16 octobre 2008

La Jeune fille de l'eau

"J'ai été vraiment surprise par l'originalité de ce film. Et de voir combien il est émouvant, riche et à plusieurs niveaux de lecture. J'aime beaucoup son message : l'importance d'avoir foi dans le fait que chacun trouve sa voie, et accepter parfois de la trouver de façon surprenante et inattendue. Chaque personne a un rôle à jouer ici bas, c'est un message important, je trouve. Bien que La Jeune fille de l'eau soit au départ un conte que Night a inventé pour ses enfants, je crois que c'est un message qu'il convient de répéter aux adultes."

Propos de l’actrice Bryce Dallas Howard recueillis à New York par Yoann Sardet le 10 juillet 2006


Mercredi 23 août 2006 est sorti en France le film La Jeune fille de l’eau. J’attendais avec impatience le dernier opus du maître Shyamalan, deux ans exactement après la sortie du Village. Je ne sais pas si je suis LE plus grand fan de ce cinéma si original, mais je fais parti de ces personnes qui ont vu ces films comme des expériences. Chacun des films du réalisateur m’a fait me poser des questions et a fait écho avec ma vision du monde. Un peu comme l’écrivain Paulo Coelho le fait mais à travers ses livres. En ce sens, le cinéma de Shyamalan est celui que je préfère car il met en images ce que je souhaite voir, ses messages reflètent le mieux ma philosophie de vie. Pour résumer un peu le scénario, Cleveland Hepp (Paul Giamatti), le concierge d’un complexe résidentiel, voit sa vie basculée la nuit où il trouve une nymphe (Bryce Dallas Howard) dans la piscine. Dotée de dons de voyance, Story est venu révélé à chacun des habitants de l’immeuble leur avenir, lequel est étrangement lié au sien. Originaire du « Monde bleu », elle ne pourra y retourner qu’en évitant les attaques d’un « Scrunt », sorte de loup au pelage fait d’herbes et chargé de tuer les nymphes égarées. C’est en décryptant une série de codes avec l’aide de Cleveland et des locataires que leur destin sera scellé.

Qu’ai-je donc pensé de La Jeune fille de l’eau ?

Tout d’abord je tiens à dire que j’ai beaucoup aimé. L’histoire de cette « narf » (sorte de nymphe aquatique issue d’une légende asiatique) qui rejoint le monde des hommes pour leur faire prendre conscience de leur place dans l’univers est typiquement « Shyamalanesque ». Nous avons tous un rôle à jouer, ce rôle n’est pas forcément celui auquel on pense. Ce conte philosophique, que le réalisateur racontait à ses enfants, est éclairé par cette idée humaniste à laquelle j’ai toujours adhéré ; la fin du film illustre magnifiquement ce lien que nous avons tous entre nous, mais que nous ignorons bien souvent. Les créatures du « monde bleu » sont là pour nous le rappeler et faire évoluer l’humanité. Le message des personnages hauts en couleur de l’histoire empreint de spiritualité semble affirmer que seul l’amour sauvera l’humanité. J’ai tendance à y croire, même si ici le côté naïf et crédule des personnages nous fait bien comprendre que l’on est dans un conte de fée.

Tout est intentionnellement simplifié, personne ne se pose de question quant à l’apparition de cette nymphe au teint blanchâtre et cela pourrait refroidir certains spectateurs. Il est en effet nécessaire d’adhérer dès le début au fait que ce soit un conte, pour pouvoir se laisser transporter ; et le fait que cette fable se joue dans un contexte réel avec des adultes peut rendre la chose difficile. Ainsi le film est davantage « Tout publics » que les précédents, plus divertissant (attention au loup quand même il fait flipper !), mais faussement enfantin. Car le message est bien toujours là, aussi profond que dans Le Sixième Sens, Incassable, Signes, ou Le Village... et c’est cela le principal à mes yeux ; cela qui me fera préférer La Jeune fille de l’eau a un autre film de divertissement.

Tous les ingrédients présents dans ses autres films sont présents : du surnaturel qui émerge dans le quotidien, une intrigue construite comme un puzzle où toutes les pièces ont leur importance, la magnifique musique composée par James Newton Howard et de l’eau, élément important pour le réalisateur, probablement en raison de sa symbolique.
Le réalisateur ne se contente pas de reprendre ces mêmes formules, il innove par exemple en ne terminant pas son film par un traditionnel coup de théâtre....mais en y réfléchissant bien, le film lui même peut se voir comme un coup de théâtre à lui tout seul tant il regorge d’idées originales et est impossible à cataloguer. Conte pour enfants ? Thriller ? Comédie ? Film philosophique ? Un peu de tout ça en même temps.

Je serai honnête en disant que quelques petits détails ne m’ont pas plu…preuve que je ne considère pas Shyamalan comme une divinité et que je garde mon objectivité…
J’ai lu de nombreux articles et critiques au sujet du film, avant d’aller le voir en salle, ce n’était pas une surprise de constater que l’accueil de la presse était plutôt froid comme pour ces films précédents. Pourtant, je dois avouer que cette fois-ci les critiques étaient recevables.
La critique justement…
Le réalisateur a dû en souffrir, lui qui semble essayer de fédérer le maximum de gens autour des idées qu’il véhicule ; le fait que le projet de ce film fut refusé par les studios Disney a dû renforcer son isolement, sa frustration et le sentiment d’être incompris.
Un peu comme Spielberg dont il est considéré comme l’héritier pour beaucoup, Shyamalan cherche à émouvoir, à diffuser ses messages humanistes derrière un emballage populaire. Il ne veut pas forcément faire plus d’argent en attirant un public plus large, mais il veut éveiller leur conscience, le faire adhérer à sa philosophie. Oui, nous avons tous une place dans le monde, oui nous sommes tous reliés, il existe une force au dessus de nos têtes, un plan qui nous est destiné. A nous de décrypter les signes pour les découvrir.

Oui, mais voilà, on est en droit d’y croire ou pas. Certains comme moi n’ont pas besoin d’un film pour suivre cette idée, d’autres ne seront pas réceptifs à ce genre de message où ne chercheront pas au cinéma ce genre de discours. Il est impossible pour Night de réunir tout le monde à sa cause, je dirais même que c’est une bonne chose sous peine de voir son cinéma qualifié de « totalitaire ». Ce que certains critiques n’ont pas hésité à faire.
Cette pointe dirigée à l’égard du réalisateur n’est pas fondée à mon avis, même si La Jeune fille de l’eau aurait gagné à être aéré. En effet l’histoire ne se déroule que dans les bâtiments et les alentours de la piscine, une sorte de huis clos causé par la présence du « Scrunt » à l’extérieur, prêt à bondir. Cette forme d’enfermement était légitime dans le récit du Village, ici c’est mois évident. Peut être Night a-t-il voulu retranscrire le monde matériel, cloisonné et sclérosé des humains. N’empêche que la critique s’est jetée sur ce détail pour y voir une tentative de l’auteur d’isoler les personnes qui aiment ses films et leur message (les résidents de l’immeuble) et de les opposer au reste du monde, assimilé à la créature maléfique.
Le fait que Shyamalan se soit attribué un rôle relativement important dans le film serait un moyen pour lui de s’imposer comme un gourou. Il y joue le rôle d’un écrivain dont le message de ses livres éveillera l’humanité à un autre niveau de conscience.
Je pense qu’en endossant ce rôle, Night a pris le risque d’être considéré comme un être prétentieux. Ce dont il se défend à travers les dialogues de son personnage. Il est clair cependant que cette technique n’est pas la meilleure pour mettre les gens dans sa poche.

La critique encore elle, est incarnée dans son film par le personnage dont le métier est justement d’être critique de cinéma. Le réalisateur semble s’en prendre à ses détracteurs en se servant de son film, et c’est ce que je lui reproche. Quiconque ne connaît pas ses antécédents avec la presse n’y verra probablement rien, mais pour ceux qui comme moi connaissons cette relation houleuse on ne peut que sortir à ce moment là de l’histoire. La réalité reprend le dessus un instant.
Ainsi le personnage du critique est représenté comme un être sans cœur, aigri de la vie, qui ne comprend rien aux films, privilégie la forme au fond, et pense détenir la vérité. Il se fera d’ailleurs dévorer par le Scrunt dès leur première rencontre dans les sous-sols du bâtiment.

Voilà donc la principale critique que je pouvais faire sur La Jeune fille de l’eau, le fait que le réalisateur se soit trop impliqué et ait voulu faire une sorte de bilan de l’ensemble de son œuvre et de sa relation avec son public en se servant du récit du film.
Je trouve aussi dommage que le personnage de story, joué par l’excellent Bryce Dallas Howard, ait été trop peu exploité. Je la préférais dans le rôle d’Ivy, à l’opposé de celui de story bien plus effacé. Le paradoxe ne s’arrête pas là si l’on y regarde de plus près, en effet en même temps que Story voit l’avenir et est timide, Ivy est aveugle et aventureuse. Est-ce un hasard ?
De la part de M.Night Shyamalan je pense que ça ne l’est pas. Tout est minutieusement calculé, il semble aimé avoir le contrôle sur tout. Né le 6 août 1970, Mejo (le M. de son nom) est Lion et si je faisais un parallèle avec l’astrologie (allons-y !), la mission de ce signe est d’être le représentant de notre royauté intérieure. Au niveau le plus élevé de vécu, l’énergie Lion veut faire prendre conscience à travers ses capacités que l’humain est un être extraordinaire, que nous sommes tous des rois et des reines, des êtres de lumière.
En ce sens la fin du film illustre parfaitement cela, encore plus que dans ses précédents ; néanmoins peut être est-il tombé aussi dans un des dérivés du signe en mettant un peu trop en avant son ego à un petit moment du film…
Mais moi-même qui suis Lion, je ne peux pas lui en vouloir.

Il n'y a pas de hasard, les signes que le destin déposent sur notre route pour nous aider à traverser des périodes difficiles peuvent prendre différentes formes; voilà le message le plus important que je retire des films de Night et de La Jeune fille de l'eau en particulier.

J’attends avec impatience ses prochains films et je suis prêt à revoir cette Jeune fille de l’eau, si mystérieuse.













Bryce Dallas Howard et Paul Giamatti dans La Jeune fille de l'eau (2006) - M.Night Shyamalan

Le Village

Je ne suis pas particulièrement fan des films d'époque mais paradoxalement je dois reconnaître que l'un de mes films préférés (mon préféré?) fait partie de cette catégorie... Certainement parce que malgré les costumes du XIXe siècle, Le Village de M.Night Shyamalan fait écho à notre actualité.

J'ai déjà rédigé un billet consacré au cinéma de M.Night Shyamalan, à son style tout en sobriété, en plans précis et en profondeur de message dont la marque de fabrique est la révélation finale qui reconstitue toutes les pièces du puzzle et donne du sens au moindres détails distillés au cours du film. Rien n'est jamais laissé au hasard, le message véhiculé dans son œuvre laisse d'ailleurs penser que le réalisateur (mais aussi scénariste, producteur et acteur de ses films) ne croit pas au hasard...Ses premiers films célèbres (avant Wide awake et Praying with anger) que sont Le Sixième Sens, Incassable et Signes ont comme point commun de faire réfléchir le spectateur, de le mener à se poser des questions philosophiques, pour peu que son œil regarde au delà du thème fantastique traité.

L'histoire du dernier film se déroule en 1897, les habitants d'un village isolé vivent dans la peur de "ceux dont il ne faut pas parler", créatures menaçantes que personne n'a vraiment vu mais dont la prétendue existence rappelle régulièrement qu'il ne faut pas franchir les limites du village. Seul le jeune Lucius (Joachin Phoenix) ne se laisse pas intimider ni par leurs avertissements, ni par les secrets qui pèsent sur les aînés du village; encouragé par Ivy (Bryce Dallas Howard), une aveugle qui l'aime, il projette de traverser les bois...
La vérité se trouvera au bout de la forêt.

Parler des films de Shyamalan en évitant de raconter le dénouement n'est pas chose aisée, néanmoins le parallèle avec les États-Unis de l'après 11 septembre peut être établi sans risquer de donner des pistes au spectateur en ce qui concerne la fin du Village, même si cette étiquette "film post 11 septembre" collée prestement par les critiques français fait oublier que cet isolement représenté peut tout aussi bien être transposé chez nous... La peur de l'inconnu n'est pas réservée aux États-Unis, c'est bel et bien un sujet universel et intemporel et on en attendait pas moins avec Night.
Le film appartient au genre du fantastique, c'est un film qui fait peur, mais comme toujours chez le réalisateur, le thème choisi n'est qu'un prétexte : Après les fantômes, les super héros et les extra-terrestres, ce sont les créatures issues de contes populaires et autres superstitions qui servent de support à une analyse de la peur, des effets qu'elle produit, comme de son exploitation afin de parvenir à ses fins.

Le Village peut donc se voir comme une métaphore du pays de l'oncle Sam mais aussi de tout système politique (ou religieux) cherchant à distiller ses valeurs par la référence au mythe. Dans le film, les anciens qui assurent l'organisation de la communauté et perpétuent la croyance en des mythes intouchables agissent avec de bonnes intentions, cet usage du pouvoir s'apparente clairement à ce qui se fait dans les religions, lesquels cherchent à fédérer ses disciples et ainsi les contrôler, assurer le maintien de l'ordre dans la communauté.

Très intelligemment, Shyamalan met en avant les bons et mauvais côtés de l'utilisation de cette mythologie, de ce fait le réalisateur différencie clairement ce qui est du domaine de la superstition (associée aux systèmes de pouvoir religieux) et celui de la foi.
Foi et religion sont clairement séparé, les jeunes Ivy et Lucius incarnent cette foi qui efface les frontières, pousse à se dépasser et à réaliser des exploits; cette foi est animée par l'amour, à l'inverse de la structure mise en place par les anciens et régie par des normes, des règlements et des idées théoriques. La foi issue du cœur ose prendre des risques, remettre en cause l'ordre établi, révolutionner les petites habitudes mais n'est pas exempt de frayeur et de doutes, à l'inverse la structure gouvernementale apporte la sécurité, le confort, la rationalité mais contraint à des limitations, soumet à des rituels, une hiérarchie.

Pourquoi ai-je tant aimé le Village?

Tout d' abord pour le style de Shyamalan dont j'ai parlé précédemment, l'ambiance mélancolique instaurée par la musique de James Newton Howard (formidables morceaux de violon!) et ensuite pour les questions que posent le film en ce qui concerne l'ambivalence entre les bonnes intentions d'un système de pouvoir et les résultats escomptés (L'Enfer est pavé de bonnes intentions), l'appréhension de notre "réalité", le rôle de l'amour dans notre évolution personnelle. L'amour y est d'ailleurs représenté sous deux formes bien différentes, celui parental, protecteur, possessif, sécurisant et quelque peu étouffant de l'assemblée des anciens pour leur communauté ; l'autre facette de l'amour se retrouve dans le lien qui unit Ivy et Lucius, lien qui les pousse à se surpasser, à sortir des sentiers battus et oublier leurs repères... un amour insécurisant qui effraye par l'absence de lisibilité de ce qui se présente devant soi.

Le véritable amour peut-il se vivre sans la peur? La peur de se lancer? De perdre l'autre? D’être rejeté?
C'est cette peur qui transcende la relation et fournit le combustible nécessaire à la foi en l'autre, à la projection vers l'avenir et à la dissolution de l'ego au profit du bonheur de l'autre.
L'amour a besoin d'être mis en danger, garder sa part de mystère, il ne peut stagner et sentir la naphtaline car il est en constante évolution, inutile de lui imposer des limites, des codes, des rituels, des principes, il n'en a cure puisqu'il ne va pas de paire avec notre raison qui l'ennuie profondément. Le personnage d'Ivy qui est non voyante, représente parfaitement cette idée d'un amour aveugle qui brise les conventions et les apparences pour aller chercher l'authenticité de la personne, son âme, "voir sa couleur".

Et que dire de l'ambigu personnage de Noah Percy incarné par l'excellent Adrien Brody, fou du Village, électron libre et réel déclencheur et finisseur de l'intrigue (à son insu?)...
Il personnifie l'amour impossible, l'amour poussé à la folie, troisième facette de l'amour située sur l'échelle des nuances à l'opposé de l'amour rationalisé des anciens du conseil, l'amour libérateur d'Ivy et Lucius semble être le juste milieu, l'équilibre parfait entre les élans du cœur et la conscience raisonnée.

Tout le monde peut s'identifier à ses différentes manifestations d'amour, qui prennent pour cadre une communauté du XIXe siècle... Une ambiance à "la Petite maison dans la prairie", le bonheur des choses simples, le contact direct avec la nature... Je ne dirai pas que c'était mieux avant (ce serait renier de nombreuses avancées, au moins dans la théorie, en ce qui concerne les droits de l'homme et l'accès à l'éducation par exemple) mais je pense qu'il y a certaines choses du passé qui auraient mérité d'être conservé, en particulier le lien que conservaient nos ancêtres avec la magie, un respect du mystère.
























Bryce dallas Howard dans Le Village (2004) - M.Night Shyamalan

mercredi 15 octobre 2008

Le cinéma de M. Night Shyamalan

Je suis un énorme fan (le + grand?) des films du réalisateur américain d'origine indienne M.Night Shyamalan.
1992 est l'année des débuts pour Mejo (le M de M.Night Shyamalan), à juste 22 ans il écrit le scénario, produit, réalise et joue dans son premier film, Praying with anger. Ce film intimiste sur le retour aux origines d'un américain d'origine indienne fut un échec tout comme Wide awake en 1998.

C'est avec Le Sixième Sens qu'il connaît la renommée dans ce film joué par Bruce Willis et Halley joey Osment comme acteurs principaux, le film fut un véritable succès au box-office, classé 10ème plus grand succès dans l'histoire du cinéma en 2000.

Cette année là il réalisa Incassable en 2000 (Bruce Willis et Samuel L.Jackson) , par la suite débouleront sur les écrans Signes en 2002 (Mel Gibson et Joaquin Phoenix), Le Village en 2004 (Bryce Dallas Howard et Joachin Phoenix), La Jeune fille de l'eau en 2006 (Bryce Dallas Howard et Paul Giamatti) et dernièrement Phénomènes sorti pendant l'été 2008 (avec Mark Wahlberg).

Night est l'exemple même du réalisateur qui génère des sentiments contradictoires chez les spectateurs...Adoré, rejeté, son travail ne laisse pas indifférent, ce qui est la marque des films indépendants, sauf qu'ici son œuvre profonde et métaphysique s'habille d'un emballage commercial. En effet sous ses allures des films Blockbusters, aux thèmes faisant généralement intervenir moult effets spéciaux et grosses explosions (fantômes, super-héros, extra-terrestres, créatures des bois...), Shyamalan distille sa philosophie humaniste, sa foi en l'homme, tout cela sur un rythme relativement lent, laissant les choses prendre place, les personnages se dévoiler, le moindre petit élément n'est pas laissé au hasard (d'ailleurs Shyamalan aussi ne croit pas au hasard!), tout est dans la sobriété, la précision et la psychologie...tout cela jusqu'au(x) retournement(s) final, marque de fabrique du réalisateur qui termine son histoire en surprenant le spectateur, chaque pièce du puzzle trouve sa place et là on se dit "merde pourquoi je n'y avais pas pensé avant!!!"...mais même si on devine la fin, on ne boude pas son plaisir!

En y réfléchissant bien le principal malentendu qui existe entre Shyamalan et ses détracteurs vient du fait qu'il "ment" en quelque sorte à ce qui viennent voir ses films, les bandes annonces ne reflétant jamais l'essence de ses films, Le Village en est l'exemple le plus marquant, mais en dire plus serait révélé un peu du dénouement... En somme le problème ne vient pas du réalisateur (lui se "contente" de réaliser, produire et écrire le scénario! De plus, comme Hitchcock, son maître, il apparait dans ses films), mais plutôt de l'équipe chargée de sa communication, de sa promotion, qui se sent obligé de fédérer un public large par des images chocs et un Teaser angoissant. Tout ses films prennent ancrage dans un contexte quotidien, anodin, lequel va subir de profondes transformations par l'arrivée d'éléments surnaturels, prétexte au message diffusé par Shyamalan, lequel se réfère bel et bien aux problèmes de notre réalité! Que se soit l'insécurité (post 11 septembre), le rôle des mythes dans les fondements d'une société, l'ambivalence des bonnes intentions et la force de l'amour dans Le Village (film historique, politique, romantique et fantastique!) , le rapport qu'on les hommes à la foi, l'instinct communautaire et les coïncidences dans Signes, la volonté de trouver sa voie dans la vie, l'idéalisation du père chez les enfants, le côté indissociable et l'ambivalence du bien et du mal dans Incassable, le lien qui existe entre les enfants et le monde de l'invisible, la nécessité d'assumer sa différence, d'être soi même pour que "l'univers conspire en notre faveur" (petite référence à Paulo Coelho) dans son plus grand succès le Sixième Sens ou son plus gros flop commercial La Jeune fille de l'eau.

Ce qui me plait dans ses films, bien plus que la mise en scène, la musique incroyable signée James Newton Howard, les acteurs choisis à contre emplois pour casser leur image (Bruce Willis et Mel Gibson par exemple!), ou le fait qu'à chaque film il se renouvelle, c'est la symbolique omniprésente, la foi que Shyamalan fait transparaître dans ses personnages; personnages imparfaits car comme il le dit ce sont ces imperfections qui les (nous) empêchent de nous conduire comme les héros que nous voudrions être, c'est pourquoi le spectateur peut facilement s'identifier à eux.
L'histoire dans laquelle évoluent les protagonistes révèlent le caractère bénéfique de certaines épreuves, de certaines imperfections qui nous bloquent mais en même temps nous donne la force d'agir. Dans le malheur il existe toujours une lueur d'espoir, un instinct de survie, rien n'est tout noir ou tout blanc et ce qui ne nous tue pas nous renforce.
Le personnage d'Ivy, jeune file aveugle, interprétée par l'excellente Bryce Dallas Howard dans le magnifique Village illustre à merveille cette idée présente dans l’œuvre de Shyamalan :
L'amour rend aveugle mais paradoxalement permet d'y voir plus clair.

La foi de M.Night Shyamalan (hindouiste par ses parents et catholique dans son éducation scolaire) se trouve dans l'amour, dans ce lien qui unit les humains et nous pousse à réaliser des choses surnaturelles. Ici il n'est pas question de religion connue, plus d'une forme de spiritualité qui ne se réfère pas à un être supérieur imaginé sous les traits d'un vieil homme assis dans les nuages, mais plus à une énergie, une force immatérielle présente en nous, à la base de notre humanité et créatrice de notre univers. Moi même j'adopte une vision similaire de ce que d'autres appellent Dieu, Allah, Jéhova, ou autre (pourquoi ce besoin de nommer?), je pense que la foi est quelque chose de personnel et de subjectif, chaque vision de la vie est une vision différente de la foi, une interprétation différente du monde en fonction de son expérience, de son éducation. Souvent ceux qui disent ne pas croire en ce que l'on appelle communément Dieu, projette cette foi ailleurs, dès lors la famille, les enfants, les amis, le monde ou/et l'amour deviennent alors ces points d'ancrage.

Pour en terminer avec M.Night Shyamalan, derrière ses films au sujet apparemment simple et au discours clair se cachent entre les lignes des thèmes universels, des questions existentielles qui mènent à la réflexion (sur notre monde et notre spiritualité) et ce même plusieurs mois après être sorti de la salle de cinéma, et ce genre de film est rare de nos jours, c'est pourquoi je ne me lasse pas de les revoir régulièrement en DVD!
Shyamalan, voilà un gars que j'aimerais bien rencontrer, lui proposer un scénario de film, je pense que ce serait le seul réalisateur qui pourrait mettre sur pellicule mon univers intérieur...

"Le monde est mû par l'amour et se prosterne devant avec crainte."

William Hurt dans le film le Village.

mardi 14 octobre 2008

Paolo Coelho où le réveil des consciences

« Qu'est-ce qu'un prophète ? C'est un homme qui écoute encore les voix qu'il entendait lorsqu'il était enfant et qui croit toujours en elles. »

Paulo Coelho, La cinquième montagne

Cette citation est de l'écrivain Paulo Coelho (http://www.paulocoelho.com) et en tant que fan inconditionnel je voulais écrire un billet sur lui. D'après une enquête du magazine Lire datant de 1999, Paulo Coelho serait le deuxième auteur le plus vendu dans le monde, il est publié dans 55 langues et dans 140 pays. Son œuvre a séduit des millions de lecteurs, d'origine, d'éducation et de mode de vie différents; L'Alchimiste est à ce jour son livre le plus célèbre, ce conte initiatique est souvent comparé au Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry ou au Prophète de Khalil Gibran.

Quel est le secret de cet écrivain brésilien, qui fut avant l'écriture, dramaturge, metteur en scène et compositeur populaire pour stars de pop-music brésiliennes, journaliste et scénariste pour la télévision?
L'homme et le monde sont les thèmes principaux de l'œuvre de l'auteur, il rappelle le lien qui les unit, en quoi chaque être est unique et à la possibilité de réaliser "sa légende personnelle", s'il prend conscience de cette relation en ouvrant les yeux sur la vie et les signes que le destin met sur notre route...car l'univers conspire pour que nous puissions découvrir notre rôle à jouer sur la Terre. Mais bien sûr, cela ne peut se faire sans l'Amour, très présent chez Coelho, l'Amour est à prendre ici au sens mystique et universel du terme, l'écrivain parvient parfaitement à faire comprendre au lecteur par des phrases épurées, simples et sans chichis que ce sentiment d'humanité est le seul qui puisse nous libérer.
Bien que sa réconciliation avec la religion catholique fut à l'origine de sa volonté d'écrire, les livres de Paulo Coelho sont essentiellement empreint d'une spiritualité qui trouve une adhésion auprès de toutes les religions, car selon moi l'écrivain fait ressortir l'essence même de la vie, de notre lien à l'univers, c'est pourquoi ses mots parviennent à fédérer et aider ses lecteurs.
L'aide, voilà une chose que parvient à faire l'auteur via ses écrits, en étant accessible et proche de son public par les thèmes qu'il aborde: les relations amoureuses pour Sur le bord de la rivière Pièdra, je me suis assise et j'ai pleuré, la folie et le suicide dans Véronika décide de mourir (mon préféré), le bien et le mal présent dans Le démon & Melle Prym, la foi dans son 1er livre Le Pélerin de Compostelle ou la sexualité dans Onze minutes son avant dernier livre.

Paulo Coelho a souvent été critiqué pour de mauvaises raisons selon moi, certaines personnes autoproclamées membres de "l'Intellegentia", pensent en effet que ses livres devraient être inscrits dans la catégorie "Développement personnel" et non en littérature...
Je pense que c'est chipoter pour des détails, à mes yeux l'essentiel est le message transmis et non le médium utilisé; de plus il est bien connu que c'est par des procédés simples que l'on parvient à toucher efficacement sa cible.

Ayant lu sa biographie, j'ai de plus le sentiment que c'est un mec bien, serein, sage, qui se permet de donner des commentaires sur des choses qu'il a lui même testé comme la torture en Amérique du Sud, les drogues, les sectes sataniques, les asiles psychiatriques (ses parents l'ont envoyés à plusieurs reprises car il voulait être acteur!?!)...
Il a traversé et apprit de ses nombreuses épreuves pour parvenir à ce qu'il est aujourd'hui, tel un alchimiste il a transformé un vulgaire matériau en or...

Voilà l'un des messages principaux de Coelho : nous pouvons tous faire de grandes choses, nous devons et avons le potentiel pour être des "guerriers de la lumière", c'est à dire être une personne qui malgré les difficultés quotidiennes continue à se battre pour ses rêves.

mercredi 8 octobre 2008

Les signes du Zodiaque

 ARIES


 TAURUS


 GEMINI


 CANCER


 LEO


VIRGO
 

LIBRA


SCORPIO


SAGITTARIUS


CAPRICORN


AQUARIUS

  
PISCES