mercredi 15 octobre 2008

Le cinéma de M. Night Shyamalan

Je suis un énorme fan (le + grand?) des films du réalisateur américain d'origine indienne M.Night Shyamalan.
1992 est l'année des débuts pour Mejo (le M de M.Night Shyamalan), à juste 22 ans il écrit le scénario, produit, réalise et joue dans son premier film, Praying with anger. Ce film intimiste sur le retour aux origines d'un américain d'origine indienne fut un échec tout comme Wide awake en 1998.

C'est avec Le Sixième Sens qu'il connaît la renommée dans ce film joué par Bruce Willis et Halley joey Osment comme acteurs principaux, le film fut un véritable succès au box-office, classé 10ème plus grand succès dans l'histoire du cinéma en 2000.

Cette année là il réalisa Incassable en 2000 (Bruce Willis et Samuel L.Jackson) , par la suite débouleront sur les écrans Signes en 2002 (Mel Gibson et Joaquin Phoenix), Le Village en 2004 (Bryce Dallas Howard et Joachin Phoenix), La Jeune fille de l'eau en 2006 (Bryce Dallas Howard et Paul Giamatti) et dernièrement Phénomènes sorti pendant l'été 2008 (avec Mark Wahlberg).

Night est l'exemple même du réalisateur qui génère des sentiments contradictoires chez les spectateurs...Adoré, rejeté, son travail ne laisse pas indifférent, ce qui est la marque des films indépendants, sauf qu'ici son œuvre profonde et métaphysique s'habille d'un emballage commercial. En effet sous ses allures des films Blockbusters, aux thèmes faisant généralement intervenir moult effets spéciaux et grosses explosions (fantômes, super-héros, extra-terrestres, créatures des bois...), Shyamalan distille sa philosophie humaniste, sa foi en l'homme, tout cela sur un rythme relativement lent, laissant les choses prendre place, les personnages se dévoiler, le moindre petit élément n'est pas laissé au hasard (d'ailleurs Shyamalan aussi ne croit pas au hasard!), tout est dans la sobriété, la précision et la psychologie...tout cela jusqu'au(x) retournement(s) final, marque de fabrique du réalisateur qui termine son histoire en surprenant le spectateur, chaque pièce du puzzle trouve sa place et là on se dit "merde pourquoi je n'y avais pas pensé avant!!!"...mais même si on devine la fin, on ne boude pas son plaisir!

En y réfléchissant bien le principal malentendu qui existe entre Shyamalan et ses détracteurs vient du fait qu'il "ment" en quelque sorte à ce qui viennent voir ses films, les bandes annonces ne reflétant jamais l'essence de ses films, Le Village en est l'exemple le plus marquant, mais en dire plus serait révélé un peu du dénouement... En somme le problème ne vient pas du réalisateur (lui se "contente" de réaliser, produire et écrire le scénario! De plus, comme Hitchcock, son maître, il apparait dans ses films), mais plutôt de l'équipe chargée de sa communication, de sa promotion, qui se sent obligé de fédérer un public large par des images chocs et un Teaser angoissant. Tout ses films prennent ancrage dans un contexte quotidien, anodin, lequel va subir de profondes transformations par l'arrivée d'éléments surnaturels, prétexte au message diffusé par Shyamalan, lequel se réfère bel et bien aux problèmes de notre réalité! Que se soit l'insécurité (post 11 septembre), le rôle des mythes dans les fondements d'une société, l'ambivalence des bonnes intentions et la force de l'amour dans Le Village (film historique, politique, romantique et fantastique!) , le rapport qu'on les hommes à la foi, l'instinct communautaire et les coïncidences dans Signes, la volonté de trouver sa voie dans la vie, l'idéalisation du père chez les enfants, le côté indissociable et l'ambivalence du bien et du mal dans Incassable, le lien qui existe entre les enfants et le monde de l'invisible, la nécessité d'assumer sa différence, d'être soi même pour que "l'univers conspire en notre faveur" (petite référence à Paulo Coelho) dans son plus grand succès le Sixième Sens ou son plus gros flop commercial La Jeune fille de l'eau.

Ce qui me plait dans ses films, bien plus que la mise en scène, la musique incroyable signée James Newton Howard, les acteurs choisis à contre emplois pour casser leur image (Bruce Willis et Mel Gibson par exemple!), ou le fait qu'à chaque film il se renouvelle, c'est la symbolique omniprésente, la foi que Shyamalan fait transparaître dans ses personnages; personnages imparfaits car comme il le dit ce sont ces imperfections qui les (nous) empêchent de nous conduire comme les héros que nous voudrions être, c'est pourquoi le spectateur peut facilement s'identifier à eux.
L'histoire dans laquelle évoluent les protagonistes révèlent le caractère bénéfique de certaines épreuves, de certaines imperfections qui nous bloquent mais en même temps nous donne la force d'agir. Dans le malheur il existe toujours une lueur d'espoir, un instinct de survie, rien n'est tout noir ou tout blanc et ce qui ne nous tue pas nous renforce.
Le personnage d'Ivy, jeune file aveugle, interprétée par l'excellente Bryce Dallas Howard dans le magnifique Village illustre à merveille cette idée présente dans l’œuvre de Shyamalan :
L'amour rend aveugle mais paradoxalement permet d'y voir plus clair.

La foi de M.Night Shyamalan (hindouiste par ses parents et catholique dans son éducation scolaire) se trouve dans l'amour, dans ce lien qui unit les humains et nous pousse à réaliser des choses surnaturelles. Ici il n'est pas question de religion connue, plus d'une forme de spiritualité qui ne se réfère pas à un être supérieur imaginé sous les traits d'un vieil homme assis dans les nuages, mais plus à une énergie, une force immatérielle présente en nous, à la base de notre humanité et créatrice de notre univers. Moi même j'adopte une vision similaire de ce que d'autres appellent Dieu, Allah, Jéhova, ou autre (pourquoi ce besoin de nommer?), je pense que la foi est quelque chose de personnel et de subjectif, chaque vision de la vie est une vision différente de la foi, une interprétation différente du monde en fonction de son expérience, de son éducation. Souvent ceux qui disent ne pas croire en ce que l'on appelle communément Dieu, projette cette foi ailleurs, dès lors la famille, les enfants, les amis, le monde ou/et l'amour deviennent alors ces points d'ancrage.

Pour en terminer avec M.Night Shyamalan, derrière ses films au sujet apparemment simple et au discours clair se cachent entre les lignes des thèmes universels, des questions existentielles qui mènent à la réflexion (sur notre monde et notre spiritualité) et ce même plusieurs mois après être sorti de la salle de cinéma, et ce genre de film est rare de nos jours, c'est pourquoi je ne me lasse pas de les revoir régulièrement en DVD!
Shyamalan, voilà un gars que j'aimerais bien rencontrer, lui proposer un scénario de film, je pense que ce serait le seul réalisateur qui pourrait mettre sur pellicule mon univers intérieur...

"Le monde est mû par l'amour et se prosterne devant avec crainte."

William Hurt dans le film le Village.

Aucun commentaire: