Je suis un énorme fan (le + grand?) des films du réalisateur américain d'origine indienne M.Night Shyamalan.
1992
est l'année des débuts pour Mejo (le M de M.Night Shyamalan), à juste
22 ans il écrit le scénario, produit, réalise et joue dans son premier
film, Praying with anger. Ce film intimiste sur le retour aux origines
d'un américain d'origine indienne fut un échec tout comme Wide awake en
1998.
C'est avec Le Sixième Sens qu'il connaît la renommée dans
ce film joué par Bruce Willis et Halley joey Osment comme acteurs
principaux, le film fut un véritable succès au box-office, classé 10ème
plus grand succès dans l'histoire du cinéma en 2000.
Cette année
là il réalisa Incassable en 2000 (Bruce Willis et Samuel L.Jackson) ,
par la suite débouleront sur les écrans Signes en 2002 (Mel Gibson et
Joaquin Phoenix), Le Village en 2004 (Bryce Dallas Howard et Joachin
Phoenix), La Jeune fille de l'eau en 2006 (Bryce Dallas Howard et Paul
Giamatti) et dernièrement Phénomènes sorti pendant l'été 2008 (avec Mark
Wahlberg).
Night est l'exemple même du réalisateur qui génère
des sentiments contradictoires chez les spectateurs...Adoré, rejeté, son
travail ne laisse pas indifférent, ce qui est la marque des films
indépendants, sauf qu'ici son œuvre profonde et métaphysique s'habille
d'un emballage commercial. En effet sous ses allures des films
Blockbusters, aux thèmes faisant généralement intervenir moult effets
spéciaux et grosses explosions (fantômes, super-héros, extra-terrestres,
créatures des bois...), Shyamalan distille sa philosophie humaniste, sa
foi en l'homme, tout cela sur un rythme relativement lent, laissant les
choses prendre place, les personnages se dévoiler, le moindre petit
élément n'est pas laissé au hasard (d'ailleurs Shyamalan aussi ne croit
pas au hasard!), tout est dans la sobriété, la précision et la
psychologie...tout cela jusqu'au(x) retournement(s) final, marque de
fabrique du réalisateur qui termine son histoire en surprenant le
spectateur, chaque pièce du puzzle trouve sa place et là on se dit
"merde pourquoi je n'y avais pas pensé avant!!!"...mais même si on
devine la fin, on ne boude pas son plaisir!
En y réfléchissant
bien le principal malentendu qui existe entre Shyamalan et ses
détracteurs vient du fait qu'il "ment" en quelque sorte à ce qui
viennent voir ses films, les bandes annonces ne reflétant jamais
l'essence de ses films, Le Village en est l'exemple le plus marquant,
mais en dire plus serait révélé un peu du dénouement... En somme le
problème ne vient pas du réalisateur (lui se "contente" de réaliser,
produire et écrire le scénario! De plus, comme Hitchcock, son maître, il
apparait dans ses films), mais plutôt de l'équipe chargée de sa
communication, de sa promotion, qui se sent obligé de fédérer un public
large par des images chocs et un Teaser angoissant. Tout ses films
prennent ancrage dans un contexte quotidien, anodin, lequel va subir de
profondes transformations par l'arrivée d'éléments surnaturels, prétexte
au message diffusé par Shyamalan, lequel se réfère bel et bien aux
problèmes de notre réalité! Que se soit l'insécurité (post 11
septembre), le rôle des mythes dans les fondements d'une société,
l'ambivalence des bonnes intentions et la force de l'amour dans Le
Village (film historique, politique, romantique et fantastique!) , le
rapport qu'on les hommes à la foi, l'instinct communautaire et les
coïncidences dans Signes, la volonté de trouver sa voie dans la vie,
l'idéalisation du père chez les enfants, le côté indissociable et
l'ambivalence du bien et du mal dans Incassable, le lien qui existe
entre les enfants et le monde de l'invisible, la nécessité d'assumer sa
différence, d'être soi même pour que "l'univers conspire en notre
faveur" (petite référence à Paulo Coelho) dans son plus grand succès le
Sixième Sens ou son plus gros flop commercial La Jeune fille de l'eau.
Ce
qui me plait dans ses films, bien plus que la mise en scène, la musique
incroyable signée James Newton Howard, les acteurs choisis à contre
emplois pour casser leur image (Bruce Willis et Mel Gibson par
exemple!), ou le fait qu'à chaque film il se renouvelle, c'est la
symbolique omniprésente, la foi que Shyamalan fait transparaître dans
ses personnages; personnages imparfaits car comme il le dit ce sont ces
imperfections qui les (nous) empêchent de nous conduire comme les héros
que nous voudrions être, c'est pourquoi le spectateur peut facilement
s'identifier à eux.
L'histoire dans laquelle évoluent les
protagonistes révèlent le caractère bénéfique de certaines épreuves, de
certaines imperfections qui nous bloquent mais en même temps nous donne
la force d'agir. Dans le malheur il existe toujours une lueur d'espoir,
un instinct de survie, rien n'est tout noir ou tout blanc et ce qui ne
nous tue pas nous renforce.
Le personnage d'Ivy, jeune file aveugle,
interprétée par l'excellente Bryce Dallas Howard dans le magnifique
Village illustre à merveille cette idée présente dans l’œuvre de
Shyamalan :
L'amour rend aveugle mais paradoxalement permet d'y voir plus clair.
La
foi de M.Night Shyamalan (hindouiste par ses parents et catholique dans
son éducation scolaire) se trouve dans l'amour, dans ce lien qui unit
les humains et nous pousse à réaliser des choses surnaturelles. Ici il
n'est pas question de religion connue, plus d'une forme de spiritualité
qui ne se réfère pas à un être supérieur imaginé sous les traits d'un
vieil homme assis dans les nuages, mais plus à une énergie, une force
immatérielle présente en nous, à la base de notre humanité et créatrice
de notre univers. Moi même j'adopte une vision similaire de ce que
d'autres appellent Dieu, Allah, Jéhova, ou autre (pourquoi ce besoin de
nommer?), je pense que la foi est quelque chose de personnel et de
subjectif, chaque vision de la vie est une vision différente de la foi,
une interprétation différente du monde en fonction de son expérience, de
son éducation. Souvent ceux qui disent ne pas croire en ce que l'on
appelle communément Dieu, projette cette foi ailleurs, dès lors la
famille, les enfants, les amis, le monde ou/et l'amour deviennent alors
ces points d'ancrage.
Pour en terminer avec M.Night Shyamalan,
derrière ses films au sujet apparemment simple et au discours clair se
cachent entre les lignes des thèmes universels, des questions
existentielles qui mènent à la réflexion (sur notre monde et notre
spiritualité) et ce même plusieurs mois après être sorti de la salle de
cinéma, et ce genre de film est rare de nos jours, c'est pourquoi je ne
me lasse pas de les revoir régulièrement en DVD!
Shyamalan, voilà un
gars que j'aimerais bien rencontrer, lui proposer un scénario de film,
je pense que ce serait le seul réalisateur qui pourrait mettre sur
pellicule mon univers intérieur...
"Le monde est mû par l'amour et se prosterne devant avec crainte."
William Hurt dans le film le Village.
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