mardi 7 février 2023

Saturne

La Vie ne peut exister sans frontières.

Pas bien vu de dire ça, mais dois-je me taire ?


L’enfant peut-il naître sans œuf protecteur ?

Certes, n’est pas clos ce qui est intérieur,

Des échanges s’font entre mère et embryon,

Mais il y a bien une démarcation :

Le dedans moelleux, coffre de l’innocence,

Le dehors agité, tout en puissance.


De même l’enfant ne pourra pas apprendre,

Si le brouhaha passe outre le scaphandre

D’un lieu calme propice aux savoirs acquis.

Se dissocier n’empêche pas d’être ami,

Car pour être soi-même faut s’émanciper,

S’isoler parfois pour mieux cogiter.


Je préfère l’unité à l’uniforme,

Ensemble mais distincts, enfants, femmes et hommes.

Mon intégrité préservée t’aidera

Plutôt que le nivellement vers le bas.

Prôner l’équité me paraît plus juste

Que cet égalitarisme de mollusques,

Ce miroir aux alouettes progressistes

Dont l’orgueil cache la ruse du machiniste.


Et là je sens poindre comme une inquiétude

De me voir décliner ta servitude.


Peut-être penses-tu que je dépasse les bornes ?

Y aurait-il une ligne tracée ? Des cornes ?

Celle du diable que tu vois à travers moi ?

Je te sens fébrile et tu perds ta voix.


OK, plus de frontière, plus de cadre fixe,

L’ordre et la structure subiront l’éclipse,

Ce poème lui-même sera déconstruit,

Tu n’pigeras plus rien, ce sera la nuit.


Ainsi tu parviendras à me faire taire.

Le Sens ne peut se faire sans frontières. 


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