Nycthéméral

Réflexion inspirée des mes lectures de l'œuvre de Dane Rudhyar.

Un de mes profs de fac disait que l'homme est nycthéméral. Non, ce n'est pas une insulte, cela signifie juste que nous sommes soumis à l'alternance du jour et de la nuit.

C'est le même principe que le fonctionnement des 2 hémisphères de notre cerveau : l'un régit le logos, la rationalité et l'esprit d'analyse (archétype masculin Yang), tandis que l'autre se rattache au monde de l'intuition, de l'inspiration et des émotions (archétype féminin Yin). Privilégier l'un des aspects de la vie au détriment de l'autre, équivaut à marcher sur une patte. Après la domination du Yin dans les premiers temps de l'histoire (tribu et dissolution de l'ego dans la masse, cohésion sociale par la religion *, lien avec la nature, la magie), nous sommes passé progressivement à une domination de la polarité Yang marquée par le Siècle des Lumières en Occident  et la victoire du rationalisme, de la science, de l'abstraction intellectuelle, l'essor de l'affirmation et de la créativité individuelle, etc...

Chacune des 2 polarités a perdu son leadership en refusant l'équilibre, l'excès pervertit.

Pour l'énergie Yin cela génère le communautarisme, l'esprit clanique, l'intolérance à la différenciation.

Pour la polarité Yang : l'individualisme égoïste, le rejet de la spiritualité et de ce qui n'est pas quantifiable, analysable, ce qui déboucha sur la science économique abstraite complètement détachée du monde réel et irrationnelle par excès... de rationalité!  Nous sommes dans une période de synthèse, une phase de transition (et donc de grands bouleversements), où le "meilleur" des 2 forces peut naître par l'équilibre des 2 forces, si les erreurs du passé sont apprises. On peut en voir les prémices par exemple avec les avancées de la physique quantique (théories des cordes, etc) qui réactivent les connaissances spirituelles ancestrales, ou le sentiment grandissant d'appartenir à un tout universel (et non plus d'un groupe limité) par les enjeux écologiques et économiques mondiaux.

Pour ce dernier point, cette prise de conscience progressive est le fruit de la synthèse du "pire" des 2 forces : l'utilisation de la science pour servir les intérêts particuliers d'une élite, d'un clan. Ainsi la bombe atomique a été larguée sur Hiroshima et Nagasaki pour assoir la suprématie de l'Empire Américain, la conquête spatiale fut une compétition entre le capitalisme et le communisme, la crise économique mondiale actuelle est une prédation d'une élite financière dans un intérêt privé. Pour ce qui est de la crise écologique, elle a été aggravée par le développement de la technologie pour exploiter à outrance et gaspiller des ressources naturelles, le plus souvent volées au Tiers-monde qui se voit sacrifier sur l'autel du libéralisme.

C'est le moment de donner du Sens, ne loupons pas le coche car il n'y aura pas de retour en arrière.

* Par "cohésion sociale par la religion", j'entends deux conceptions de la spiritualité, façon Yin et Yang : La polarité Yin nous pousse à dissoudre notre ego dans la foi, avec le risque lorsque l'équilibre des forces est rompu, d'assécher la spiritualité au profit d'une vision culturelle (ancrée sur l'ego du corps social) de la foi qui vise à structurer le groupe par dissociation de l'extérieur. Cela fait naître l'intolérance de la différence et fait naître esprit communautaire de la religion qui exclue. Cf. le rejet des goyims ou non croyants par le sionisme, le fondamentalisme islamique ou les évangélistes à la sauce Bush.

À l'inverse, la spiritualité Yang recherche l'indépendance, le détachement à la structure biologique et culturelle du corps (social ou physique). Cela débouche sur une spiritualité qui refuse le dogme et cherche à s'enrichir de la diversité, à inclure toujours plus. Lorsque le Yang prend trop d'influence sur le Yin, la spiritualité Yang se pervertit, l'homme exagère son esprit d'indépendance qui se transforme en individualisme, l'intellect prend le dessus sur le corps et l'homme devient hautain (voir se sent supérieur à Dieu) vis-à-vis de ceux qui ne s'élèvent pas de la matière. L'intolérance apparaît, l'excès de Yang rejoint l'excès de Yin.

G. Goumat