dimanche 1 septembre 2019

Retour sur l'exposition "La Faim du Tigre"


Du 19 au dimanche 25 août, j'expose dans la salle de l’Espace Roumanille une série de peintures numériques inspirées de passages de «La Faim du Tigre», l’essai de métaphysique de René Barjavel publié en 1966.
 
«Je donnerais tous mes livres pour celui-ci»
René Barjavel


Ce livre est une réflexion sur l’Homme, Dieu et la Vie qui a une place particulière dans l’œuvre de Barjavel.
«La Faim du Tigre» s’articule autour de trois idées principales qui viennent soutenir la thèse de l’auteur.
Barjavel met en lumière la vanité et l’absurdité de la condition humaine et s’interroge sur la violence intrinsèque à toute vie.
Il pointe l’incapacité de l’homme à appréhender et comprendre le monde dans lequel il est plongé au-delà des apparences et de ses sens par nature limités. Enfin, il part à la recherche des traces d’une vérité perdue sur le sens de la vie dont les religions révélées auraient été les dépositaires.

Samedi 24 et dimanche 25 août étaient célébrées les «Journées Barjavel». Cette exposition de dessins s’inscrivait dans le cadre de cette manifestation.

Téléchargez le dossier de presse de l'exposition au format PDF

Article du Dauphiné Libéré (21/08/2019)

Bon, perso je n'aurais pas autant développé certains points de notre entretien et mis l'accent sur d'autres, mais c'est tout de même sympa d'avoir écrit cet article. Merci à Patricia Bilcocq.
 





Article de la Tribune (22/08/2019)

Merci à Stan Hanrion pour son article. Par contre "Jung" ne s'écrit pas "Young", mais tout le reste est niquel.


Article du Dauphiné Libéré (27/08/2019)
 
Une Fake News s'est glissée dans l'article : j'ai lu mon 1er livre de Barjavel il y a moins de 10 ans et je n'étais pas ado. Et dans ce que j'ai lu de l'auteur, même si j'aime bien, c'est surtout "La Faim du Tigre" qui m'intéresse. 

Dire que je me suis "épris" de l'auteur est donc un peu exagéré.



Photos de l'Espace Roumanille




Vidéos d'ambiance



lundi 8 juillet 2019

Genesis

« Alors Yahvé Dieu fit tomber un profond sommeil sur l’homme, qui s’endormit. Il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place. Puis, de la côte qu’il avait tirée de l’homme, Yahvé Dieu façonna une femme… » (Genèse, 2-21, 22.)
Remarquons d’abord que le début de ce récit est la relation parfaite d’une intervention chirurgicale : anesthésie, opération, fermeture de la plaie, opératoire. Ce qui permet de déduire que l’auteur du récit, il y a cinq ou six mille ans, vivait dans une société où les opérations sous anesthésie étaient habituelles. En effet, pour « imager » ce qu'il avait à dire, il ne pouvait faire appel qu'à des éléments familiers à ses contemporains. Cela ne saurait surprendre que les bien-savants, qui croient sincèrement être les premiers enfants enfin civilisés d'une longue lignée de singes et de sauvages.
Ce qui est plus surprenant, c’est cet homme à qui il manque désormais une côte. Comme il s’agit de la conformation de l’homme par excellence, de l’homme type, tous ses descendants mâles devraient avoir une côte en moins. Nous savons qu’il n’en est rien. Mais la science a découvert, il n’y a pas très longtemps, que les hommes ont effectivement quelque chose de moins que les femmes. Quiconque a sous les yeux la microphotographie d’une cellule en train de se diviser a été frappé par l’alignement, dans le noyau, des chromosomes dédoublés. De chaque côté de la ligne de partage de la cellule, les chromosomes symétriques se font face, comme les côtes de part et d’autre de la colonne vertébrale. Comptons ces chromosomes. Chez la femme, il y en a 23 paires. Chez l’homme, combien ? 22 paires complètes et une paire incomplète...
On a d'abord cru que l'homme n'avait que 45 chromosomes. En regardant mieux, avec des instruments plus puissants, on s'est aperçu que le 46e ne manque pas tout à fait : il en reste un morceau, un moignon.
Au chromosome complet, les biologistes ont donné le nom de X. Au fragment qui lui fait face le nom de Y. Dans sa double colonne de chromosomes, la femme a donc une paire XX, symétrique et complète, comme les autres paires. À la place de cette paire-là, l'homme n'a qu'une paire boiteuse X Y.

On sait que ce sont ces chromosomes qui sont les facteurs de l'hérédité. Ce sont eux qui portent les ordres de la vie, de l'espèce, de la race, de la famille, de l'individu. Or, que se passe-t-il dans les glandes sexuelles de l'homme quand une cellule se divise pour donner naissance à deux spermatozoïdes ? Les deux spermatozoïdes vont se partager toutes les paires de chromosomes, y compris la paire X Y. Un d'eux emportera le chromosome X, et l'autre le chromosome Y.
Le spermatozoïde X avec tous ses chromosomes complets, s'il parvient à féconder un ovule, donnera naissance à une fille, dont toutes les cellules auront 23 paires de chromosomes complètes et symétriques.
Le spermatozoïde Y, qui emporte 22 chromosomes complets et un vingt-troisième qui n'est qu'un fragment, engendrera un homme, dont toutes les cellules auront une paire de chromosomes boiteuse et dissymétrique. On est tenté d'écrire : mutilée...
Je ne sollicite pas les faits, je ne trafique pas le peu que je sais pour le rendre conforme à une idée préconçue. Vous pouvez consulter n'importe quel traité de génétique et vous y trouverez cette évidence, avec photos et graphiques à l'appui :
C'est le chromosome X, le chromosome complet, qui, sorti de l'homme, donne naissance à la femme. Et c'est ce chromosome X qui manque à l'homme.
Remplacez le mot chromosome par le mot côte ; et vous avez le récit biblique, mise en scène symbolique d'une vérité dont ne comprenons ni la nécessité ni la signification, et dont nos microscopes ne nous ont révélé que le mécanisme.
Au Commencement, Dieu prit un chromosome à l'homme pour en faire la femme. Le Commencement continue. Dieu poursuit son opération. Qu'est-ce que Dieu ? Est-ce le Plan ? La Loi ? La Nécessité ?
Dieu. Il n'y aura pas d'autre nom tant que nous n'aurons pas trouvé ou retrouvé le vrai nom.

 La Faim du tigre, René Barjavel, Édition Folio, p. 185-186-187.


vendredi 21 juin 2019

Structure intime

Il ne s'agit pas de fonder des ou une religion nouvelle, mais de s'accrocher au contraire très fidèlement à celles qui existent et de les pénétrer jusqu'au plus ancien et au plus intime de leur structure pour tâcher d'y retrouver la vérité qu'elles y ont oubliée.

La Faim du tigre, René Barjavel, Édition Folio, p. 197


mardi 18 juin 2019

Ile déserte


Parmi les hommes d'aujourd'hui qui occupent ce lieu et ce temps, il y a ceux qui se satisfont des progrès accomplis chaque jour dans l'inventaire de leur Univers.
Il y a ceux qui se réjouissent de la bienveillance du Grand Contremaître en haut de la cheminée.
Il y a ceux, de plus en plus nombreux, à qui il ne suffit plus de cataloguer les apparences ni de croire au Père Noël. Ceux qui prennent conscience que l'essentiel leur manque et croient qu'il n'est pas impossible de le trouver.
Le trouver où ? Le trouver comment ? Je ne sais pas.
Si je le savais je le crierais.

La Faim du tigre, René Barjavel, Édition Folio, p. 154.


mercredi 8 mai 2019

YVHV

L'Univers est un livre qui s'écrit sans cesse en pleine clarté. L'homme est un mot, une phrase, un chapitre de ce livre. Mais il ne sait plus lire ni en lui-même ni dans les autres pages. Par son corps animal, il continue de faire absolument partie du grand fleuve de la création. Il est une goutte dans le courant, traversé par lui et lié à lui dans sa mobilité. Il est dedans, par toutes ses cellules. Mais par la pensée il a cru s'arracher à cette dépendance, explorer le fleuve à sa guise. Il a perdu le sens du courant. Il continue à être emporté, mais il ne sait plus où il va.
Il a inventé de nouvelles écritures qui lui ont fait oublier celle de l'Univers. Il a élaboré des sciences qui lui ont fait perdre le savoir. Toute son attention est appliquée à l'apparence des choses et néglige leur signification. Il est comme un enfant curieux qui suit avec le doigt le contour des lettres, et qui ne sait pas lire. Il s'est mis à faire l'inventaire de ce qui est, et ne sait plus pourquoi cela est.

La Faim du tigre, René Barjavel, Édition Folio, p. 156-157.


dimanche 5 mai 2019

La danse du Tétramorphe


L'adoration de Dieu que les religions recommandent, c'est l'intégration totale et à tout instant dans l'ordre et l'équilibre de la Création. Tout ce qui n'est pas l'homme y participe passivement. L'homme ayant été doté d'une conscience embryonnaire a la possibilité d'y participer volontairement. Ou de s'en détourner au risque de sa chute.

Tel est peut-être le sens du péché originel : du fait même de son origine, du fait même qu'il est ce qu'il est, du fait même qu'il est tel qu'il est, l'homme peut choisir entre faire bien et faire mal.

Il ne s'agit pas, bien entendu, du bien et du mal selon telle ou telle morale, chrétienne, ou papoue. Il s'agit de l'action bonne ou mauvaise parce qu'elle est ou non dans l'ordre de la Création.

Mais l'homme d'aujourd'hui n'a plus le choix, car il ne sait plus où est le bien. On lui propose des « biens » divers, moraux, politiques, légaux, sociaux, familiaux, religieux, mais le bien essentiel lui échappe, il en ignore même l'existence. Il ne peut plus collaborer à l'ordre de la Création parce qu'il ignore cet ordre et sa place dans cet ordre. Et il crée le désordre par le fait même qu'il existe sans participer à l'ordre.



La Faim du tigre, René Barjavel, Édition Folio, p. 138.